Morgane CHARRE
Sponsors:
| Bergamont
| Manitou
| ProTaper
| POC
| Mavic
| CycleTyres.com
| Magura
Cette semaine c’est Morgane qui nous parle en toute humilité et simplicité de son parcours de pilote pro en DH. Sa passion la mène aujourd’hui dans une carrière Enduro. Vous souhaitez en savoir plus ? Nous aussi <3 🙂
Parlons de toi
Malgré ton palmarès très impressionnant, nous n’en savons pas beaucoup sur toi. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Merci de m’accueillir sur Rouler-Comme-Une-Fille!
Je suis donc une Ardéchoise de 27 ans expatriée en Haute Savoie depuis 9 ans maintenant: Après 3 ans à l’IUT d’Annecy en sports études j’ai décidé de rester dans le coin et j’habite maintenant dans un petit village juste à coté de La Clusaz. J’ai fait ma première Coupe du Monde de DH en 2010 puis j’ai gagné les Championnats du Monde en 2012. J’ai eu la chance de monter sur 9 podiums de Coupe du Monde. Cette année je me diversifie un peu avec un mélange d’Enduro et de DH, tout ce qui me plaît!
Comment as-tu découvert le VTT ? Comment est-ce devenu une passion ?
Depuis toute petite j’ai toujours fait du vélo. Je n’étais pas du tout dans la compétition mais je me souviens faire de jolis tours avec mes parents et ma sœur. On peut dire que ma passion pour le vélo a véritablement commencé avec le BMX vers l’âge de 13 ans. Je passais tout mon temps libre au skatepark ou sur des champs de bosse avec des copains, c’était génial!
Petit à petit je me suis intéressée à la descente et des amis BMXers m’ont proposé de me prêter un vélo pour essayer le temps d’un weekend. J’ai tout de suite adoré. Je retrouvais l’adrénaline du BMX tout en étant en pleine nature et sur des spots qui changeaient tout le temps. Depuis cela je ne me suis plus arrêtée!
On a la chance d’avoir une super ambiance entre les filles. Je pense que le fait qu’on se batte avant tout « contre le chrono » et non pas en confrontation directe y est pour beaucoup
Quelles sont les valeurs que tu défends dans le sport au féminin ?
Je dirais l’égalité. C’est parfois compliqué pour les femmes de se faire une place dans des clubs majoritairement masculins ou plus tard de trouver une place dans un Team par exemple mais je crois qu’il ne faut jamais se décourager. Cela ne devrait pas être plus dur pour une femme de faire du vélo et d’accéder aux compétitions que pour nos homologues masculins. Maintenant, je suis quand même plutôt optimiste par rapport à ça. Je vois de plus en plus de jeunes filles rouler avec les mecs sans se poser de questions, la plupart des courses ont désormais des Prize Money égaux (organisateurs des Coupes de France de DH et IXS DH Cups si vous m’entendez, il est temps de se réveiller!).
Que penses-tu de l’ambiance entre compétitrices sur les courses ?
Je ne sais pas vraiment comment ça se passe dans d’autres disciplines mais ce qui est sûr c’est qu’en Enduro et en DH on a la chance d’avoir une super ambiance entre les filles. Je pense que le fait qu’on se batte avant tout « contre le chrono » et non pas en confrontation directe y est pour beaucoup. Bien sûr on est concurrentes mais avec la plupart des filles cela se passe super bien.
Je suis sur le circuit de DH depuis quelques années maintenant et c’est une atmosphère que je connais bien. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en allant à Finale Ligure pour ma première Enduro World Series l’année dernière et j’ai été épatée. Je ne connaissais que très peu de filles mais elles étaient toutes super accueillantes et encourageantes.
En enduro il y a un esprit d’entraide encore plus poussé. Je me souviens par exemple d’Ines Thomas qui avait crevé des 2 roues dans la spéciale 1 et avait donc dû faire un effort monstre pour rejoindre le départ de la 2 dans les temps. Dès qu’elle est arrivée, toutes les filles lui ont proposé à boire, à manger, de mettre une pression correcte dans ses pneus etc.
Parlons de ta pratique
Cette saison sera très complète pour toi entre Enduro et DH, qu’attends-tu de cette expérience ?
En effet je change un peu de programme cette année en me diversifiant vers l’enduro. Je n’arrête pas la DH, c’est toujours une pratique que j’adore mais j’avais envie d’essayer quelque chose de différent cette année après plusieurs années sur les Coupes du Monde de DH.
J’avais besoin de nouveauté et je me suis donc préparée un programme d’une quinzaine d’événements cette année mêlant Enduro et DH. J’ai la chance de parcourir le globe pour vivre ma passion et je veux en profiter un maximum!
Je ne me suis pas fixée d’objectifs précis en enduro mais je vais me donner à fond pour que ça marche.
Qu’est-ce qui t’a poussé vers l’Enduro ?
L’envie de changer. Je me suis rendue compte l’an dernier que les pistes de Coupe du Monde de DH ressemblaient de moins en moins à ce que j’aime vraiment dans le VTT: le naturel, le technique, la pente. Les pistes sont de plus en plus rapides et artificielles et je m’y fais un peu moins plaisir.
La variété des spéciales en enduro m’a attirée. C’est aussi un tout nouveau challenge, je me sens de nouveau « débutante » et je me prends vraiment au jeu. J’avais fait Finale Ligure en fin de saison dernière pour essayer. C’était vraiment dur physiquement mais j’avais passé un superbe weekend, j’espère que ça va me plaire autant cette année!
Sur quels bolides vas-tu rouler ?
Je continue sur mes chers BERGAMONT. Je roulerai donc sur le EnCore en Enduro et sur le Straitline en DH avec une couleur plutôt sympa qui devrait arriver 🙂 J’ai aussi un vélo de Dirt, le KIEZ.
Tu rejoins le domaine de La Clusaz en tant qu’ambassadrice. Quels sont tes projets avec eux ?
Ça fait des années que je roule à La Clusaz et c’est vraiment un spot que j’adore. Ils ont refait plusieurs tracés « Enduro » il y a 3/4 ans que je vous conseille vivement de venir tester, surtout en début de saison lorsque la terre est bien fraîche et meuble, plaisir assuré! Etant donné que je roule à La Clusaz très souvent et que je vis juste à coté, le partenariat s’est fait assez naturellement cette saison. On aura à cœur de faire découvrir les différentes facettes que la station peut proposer pour le VTT: de la DH à la session exploration en passant par l’enduro notamment grâce à des vidéos.
Pour toi en quoi ce sport est enrichissant pour les femmes ?
Je pense que le VTT permet de repousser ses limites, que ce soit pour arriver en haut des longues montées, pour faire un passage technique ou un saut engagé. Je crois que quelque soit notre niveau en VTT, on est sans cesse en train d’apprendre, de progresser et de se surpasser. Je pense que ça nous aide beaucoup dans la vie de tous les jours!
Sur quel type d’obstacle te sens-tu particulièrement à ton aise ?
Ce n’est pas vraiment un obstacle mais j’aime particulièrement rouler dans la boue. J’adore sentir le vélo glisser dans tous les sens (surtout si j’arrive à garder un minimum de contrôle).
Que peux-tu conseiller aux lectrices pour vaincre leurs peurs dans la boue ?
Pour être à l’aise dans la boue je pense que le plus important est de ne pas trop réfléchir et de bien respirer pour se détendre. Ensuite il faut juste essayer de jouer avec le terrain, ne pas vouloir à tout prix empêcher son vélo de glisser (car il va glisser de toute façon) mais plutôt essayer de danser un peu sur son vélo pour garder l’équilibre et chercher à prendre les racines parallèlement ou perpendiculairement à la roue pour ne pas glisser.
Quel exercice est pour toi le plus efficace en début de saison pour se remettre en selle ?
Pour se remettre dans le bain, j’aime bien aller sur un petit espace boisé et me lancer quelques défis sur mon vélo: monter sur un petit rocher, descendre une pente avec un virage serré, rouler sur une bordure, franchir un obstacle etc. Ces petits jeux permettent de retrouver les bons réflexes et de bien reprendre son vélo en main. En plus on peut facilement le faire même si l’on n’a pas beaucoup de temps.
Si tu souhaitais donner envie à plus de femmes de découvrir la DH et l’Enduro que pourrais-tu en dire?
Mon premier conseil serait de ne pas avoir peur d’essayer! Pas besoin de faire des sauts énormes et des pierriers pour commencer, on peut se faire plaisir sur des chemins ou pistes faciles et peu dangereuses, les sensations viennent rapidement. En DH comme en Enduro on progresse très vite et les sensations sont géniales! Il ne faut pas vouloir brûler les étapes mais avant tout chercher à être à l’aise sur son vélo sur les parcours que l’on roule.
Que te vois-tu faire dans 3 ans?
Bonne question! En ce moment ma situation me plait beaucoup, je fais des courses avec un programme qui me correspond exactement, c’est génial!
En plus de ça je suis impliquée avec l’équipe développement chez Bergamont, c’est super intéressant. J’aime bien cet équilibre, j’espère pouvoir continuer et faire évoluer ça pendant quelques années.
Je me verrais bien aussi proposer des séjours découvertes de trails d’enduro près de chez moi en Haute Savoie ou sur le terrain de jeu de mon enfance en Ardèche…à suivre!